accueil | immun 2-12: interactions neuro-hormonales et stress; troubles de l'immunité |
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objectifs pédagogiques (*) |
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- décrire quelques données générales concernant les interactions entre le système immunitaire et les systèmes nerveux et endocrine - définir le stress et décrire son impact sur la réponse immune - lister et décrire les principaux troubles de l'immunité (HS, déficits, tumeurs, réactions anaphylactoïdes...). | |
définitions générales - messages |
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stress | = "le processus par lequel les facteurs d’origine physique / comportementale surchargent les systèmes de régulation d’un individu et perturbent son état d’adaptation" (d’après DM Broom). Le stress est un terme largement utilisé (presque trop). Le stress correspond
principalement à une activation nerveuse sympathique et à un déséquilibre de l'axe hypothalamo-hypophyse-surrénale (fig1: schéma simplifié de l'activation HPA: effet du stress sur l'immunité) L'impact du stress en immunologie est important, parce que les hormones produites (ou réduites) au cours des stress intenses ou prolongés peuvent interférer avec le fonctionnement de l'immunité: c'est particulièrement le cas des gluco-corticoïdes libérés en grande quantité par les surrénales lors de stress chronique (fig2: schéma général des interactions entre l'immunité et le système neuro-endocrine et fig3: exemple d'interactions entre les système nerveux et immun au cours d'une réaction allergique muqueuse). L’état de stress est donc globalement inhibiteur ou modificateur de l’orientation immune. Globalement le stress est plutôt inhibiteur de la réponse immune cellulaire (puis de la réponse humorale), anti-inflammatoire, et inhibiteur de la cicatrisation; les jeunes peuvent subir des réductions importantes de la fonction thymique. On observe des effets indésirables similaires lors de traitements avec des glucocorticoïdes de synthèse (activité anti-inflammatoire marquée, mais également immunosuppresseurs à forte dose). (fig4: action de la dexamethasone sur la numération sanguine lymphocytaire et fig5: actions opposées de la progesterone et de la dexamethasone sur les thymocytes). |
hypersensibilité (HS) | = réactions excessive et inadaptée de la réponse immune, pouvant entrainer des symptômes et des lésions tissulaires, tant que l'antigène initiateur persiste. On distingue de nombreuses manifestations et causes d'hypersensibilité, qui ont été schématiquement classées en 4 groupes par Gell et Coombs (cf tableau). |
déficit immunitaire (cf immun2-09) | = absence ou insuffisance de la réponse immune, soit définitive (anomalie congénitale, destruction d'un organe lymphoïde primaire..), soit temporaire. Il existe de nombreuses variétés de déficits, qui peuvent affecter totalement ou partiellement la réponse immune. Les déficits se manifestent très généralement par une augmentation de la sensibilité aux infections. Les individus sévèrement immunodéprimés contractent des infections évolutives par des germes opportunistes, rebelles au traitement. Les déficits sont également la raison d'une plus grande sensibilité aux tumeurs. (fig6: démonstration expérimentale du déficit immun des souris "nude"/paludisme et des possibilités de reconstitution par transfert cellulaire) |
réaction ganglionnaire; adénomégalie-adénite | Les lieus principaux de la réponse immune spécifique sont les organes lymphoïdes secondaires (rate, noeuds lymphatiques, plaques de Peyer, structures lymphoïdes associées aux muqueuses..). La majorité des stimulations immunes s'accompagne d'une hypertrophie modérée de ces organes, liée au développement de follicules lymphoïdes secondaires qui réagissent à l'antigène (fig7: follicules lymphoïdes primaires et secondaires dans un noeud lymphatique). On parle d'adénomégalie pour décrire l'hypertrophie réactionnelle d'un noeud lymphatique et de splénomégalie pour la rate (la rate se chargeant surtout de la réponse aux antigènes présents dans le sang). Il ne faut pas confondre ce mécanisme normal avec une adénite= maladie du noeud lymphatique ou un processus tumoral (tumeur lymphoïde ou métastase tumorale dans un noeud lymphatique), qui peuvent être différencié par une analyse histologique. L'adénite est le plus souvent due à une infection mal contrôlée, entrainant le passage de germes dans le noeud lymphatique (paradoxalement, les germes sont mal éliminés du NL et peuvent constituer un foyer de portage chronique). |
schémas et figures |
tableaux |
tableau simplifié des principaux troubles de l'immunité (exemples) |
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déficits immunitaires temporaires ou définitifs, ± sévères | déficits innés | - souris et rats "nude" (absence de thymus: pas de lymphocytes T): pas de rejet des greffes et faible résistance aux infections (animaux modèles en cancérologie) - souris "scid": absence de recombinaisons VDJ (pas de lymphocytes B et T) (animaux modèles de "reconstitution immunologique par transfert de cellules immunes") - souris "beige": absence de NK - rares cas spontanés en médecine vétérinaire: anomalies des neutrophiles (grande sensibilité aux infections par absence de phagocytose), chevaux "scid", déficits du complément.. |
déficit immunitaire du nouveau-né par manque de transfert des anticorps maternels (non têtée du colostrum..) | ||
déficits acquis | - infections par des virus immunosuppresseurs (HIV, Gumboro..), - irradiation et toxiques cellulaires, - autres causes d'immunodépression: nutritionnelle, stress, vieillesse, médicaments immunodépresseurs ou immunosuppresseurs.. |
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réactions d'hyper-sensibilité (4 types de Gell et Coombs). | HS1 (immédiate= HSI) | = "anaphylaxie"= "allergies sl " (pollens, venins d'insectes, aliments, acariens et puces, médicaments..).. apparait en quelques minutes, IgE dépendante: dégranulation des mastocytes et/ou des basophiles.. |
HS2 | excès de production d'anticorps cytolytiques (cytolyse en présence du C) syndromes hémolytiques d'origine immune (rejet d'hématies hétérologues..).. | |
HS3 | excès de production de complexes Ag-Ac précipitants (dépôts tissulaires et/ou vasculaires) nombreuses complications d'infections chroniques par dépots de complexes Ag-Ac, qui activent l'inflammation par l'intermédiaire du complément (glomérulonéphrites, vasculites, pneumonies..) | |
HS4 (retardée= HSR= DTH) | apparait en 36- 48h= immunité cellulaire exacerbée (accumulation de lymphocytes et monocytes sur le site où se trouve l'allergène..)"allergies de contact", granulome tuberculinique (et test IDR à la tuberculine) | |
réaction "anaphylactoïde": troubles ressemblant cliniquement à une réaction d'HS1, due à une dégranulation non IgE-dépendante des mastocytes et/ou des basophiles. La réaction est due à une agression physico-chimique d'un tissu riche en tissu conjonctif ou d'une muqueuse (réaction à l'injection d'un produit froid..) ou à l'administration d'un xénobiotique "histamino-libérateur", avec un effet-dose classique (produits de contraste, certains AINS..). | ||
maladies auto-immunes= HS2, HS3 ou HS4 contre un ou plusieurs antigènes du soi (auto-antigènes) | ||
tumeurs du système immunitaire (leucémies, lymphomes, mastocytomes..). On observe différents cas de figure selon le type cellulaire qui devient tumoral: infiltrations des noeuds lymphatiques ou de la rate par des cellules tumorales (leucose...), infiltrations d'autres organes par des cellules tumorales, anomalies de la numération formule... les tumeurs du système immunitaire provoquent secondairement un dysfonctionnement de l'immunité. | ||
toxicologie: xénobiotiques immunotoxiques (susceptibles de causer un des troubles ci-dessus). |
élements d'application et de raisonnement |
Les relations entre les systèmes nerveux, endocrine et immunitaire sont nombreuses: - les lymphocytes et les monocytes réagissent à de nombreux neuromédiateurs (endorphines..), ainsi qu'à des hormones sexuelles, des hormones du métabolisme (prolactive, hormones thyroïdiennes..) et aux glucocorticoïdes. - le système nerveux est sensible à l'action de nombreuses cytokines (en particulier contrôle du métabolisme par le TNF, et de la fièvre par l'IL1 et l'IL6). (fig1: exemple d'interactions entre les système nerveux et immun au cours d'une réaction allergique muqueuse et fig6: actions opposées de la progesterone et de la dexamethasone sur les thymocytes). |
L'immunité peut être diminuée par de nombreux facteurs neuro-endocrines (stress..) ou par des substances qui ont des effets analogues: opioides de synthèse, morphine, nicotine... De nombreux comportements humains peuvent altérer l'immunité (difficultés psychologiques, tabagisme..). Différents effets néfastes ont été prouvé épidémiologiquement, bien que la diminution de l'immunité soit difficile à mesurer précisement chez un individu donné (absence de témoin de CMH identique): augmentation de la sensibilité aux infections, augmentation du risque de développer une tumeur ou une maladie auto-immune (altération des mécanismes de régulation). |
Le rôle des glucocorticoïdes dans la régulation de l'immunité a été particulièrement étudié chez les Reptiles: la modification saisonnière du taux de glucocorticoïdes, en rapport avec le métabolisme de l'hibernation, provoque le ralentissement de l'immunité (= économie!). |
L'influence des glucocorticoïdes et des hormones sexuelles sur les lymphocytes a de nombreuses significations biologiques: - influence du métabolisme sur l'immunité (rôle des glucocorticoïdes dans le contrôle du métabolisme) - contrôle de l'équilibre entre inflammation et réponse immune spécifique - contrôle de l'immunité au cours des cycles sexuels (le risque d'infection est accru lors des périodes de reproduction!) - maintien de la gestation (inhibition de l'activité T et NK contre les annexes foetales et le foetus). |
De nombreuses recherche en immunologie et cancérologie utilisent des rats et des souris immunodéprimés. Ces animaux doivent être manipulés dans des conditions complexes de confinement et d'asepsie, de façon à éviter toute infection par des germes opportunistes. On utilise des systèmes d'hébergement sophistiqués, tels que des isolateurs ou des cages à couvercle filtrant, et les animaux sont manipulés avec des gants stériles sous une hotte à flux laminaire (souris "nude": cf immun2-07) |
Les réactions d'hypersensibilité immune présentent des particularités qui les distinguent des phénomènes pharmocologiques et physiologiques classiques: - l'effet-dose est peu marqué: des réactions maximales peuvent s'observer dès les plus faibles doses (d'où le risque de déclencher un choc anaphylactique même avec une dose d'allergène très faible). Ceci s'explique par le fait que le composé actif est produit par l'organisme (anticorps..) dans des proportions qui dépendent de la dose mais aussi du nombre et de la nature des expositions. - la variabilité individuelle est extrême, liée au polymorphisme de l'immunité (immunogénicité de l'allergène variable selon les individus). - le déclenchement d'une réaction d'HS ne se fait généralement qu'après plusieurs expositions à l'allergène (exposition répêtée ou allergène rémanent) |
La différence entre une réaction anaphylactoïde et une réaction d'HS1 est rarement faite en clinique vétérinaire. C'est dommage car la conduite à tenir pour la prévention de ces problèmes est très différente. |
- quelle différence entre un déficit de l'immunité et un mécanisme de tolérance/anergie? comment peut-on faire le diagnostic d'un trouble de l'immunité?
références et cours disponibles |
Sur le serveur de l'ENVL: cf cours de cancérologie, cf cours de pharmacie (corticoïdes et AINS)
immunologie des animaux de laboratoire: http://www2.vet-lyon.fr/ens/expa/acc_immuno.htmpour en savoir plus :
- "Psycho-immunologie : un modèle en question" Rev Méd Interne I999 ; 20 : 934-46
- conséquences du stress sur l'immunité des animaux d'élevage: http://www.inra.fr/productions-animales/an2004/num244/merlot/em244.htm
- "Positive and negative immunomodulation by opioid peptides" L.G.Roda et al, 1996, Int J of Immunopharmacology, 18/1 p1-16
page réalisée par le Dr Delphine Grézel, VetAgro Sup, Campus Vétérinaire de Lyon, le 4/06/11 . Merci pour les corrections, commentaires et suggestions ( delphine.grezel@vetagro-sup.fr)